Le concept de culte en Islam est
le plus souvent mal compris, même par certains Musulmans. Par culte,
on entend en général l’exécution de certains actes
rituels comme la prière, le jeûne, la charité etc…
Cette conception limitée du culte ne représente qu’une partie
de sa signification en Islam. Pour cette raison , la définition
traditionnelle du culte en Islam est étendue, elle englobe à
peu prés toutes les activités de l’individu. Cette définition
est à peu prés la suivante : “ Le terme de culte englobe
toutes les actions et les paroles intérieures et extérieures
accomplies par une personne, et que Dieu aura aimées ”. En d’autres
termes, le culte comprend tout ce qu’un individu dit ou fait pour plaire
à Dieu. Cela englobe, bien entendu, les rites, les croyances, les
activités sociales, ainsi que les contributions personnelles au
bien-être de ses semblables.
L’Islam considère qu’un individu est un tout. Il doit se soumettre
entièrement à Allah, comme le Coran a ordonné au Prophète
Muhammad de le faire :
“ Dis (ô Muhammad) ma prière, mon sacrifice, ma vie et
ma mort appartiennent à Allah ; Il n’a pas d’égal et je dois
être parmi ceux qui se soumettent à Lui, c’est-à-dire
les Musulmans ”.
Il découle tout naturellement de cette soumission que les actes
de chacun doivent être conformes aux instructions de Celui à
qui il se soumet. L’Islam est un mode de vie et, en tant que tel, exige
de ses disciples qu’ils modèlent les aspects de leur vie, religieux
ou autres, suivant ses préceptes. Cela peut paraître étrange
à ceux qui pensent que la religion est une relation personnelle
entre l’individu et Dieu, et qu’elle n’a aucune influence sur leurs activités
en dehors des actes rituels.
Pour tout dire, l ‘Islam n’attache que peu d’importance aux rites eux-mêmes
lorsqu’ils sont exécutés de façon mécanique
et n’ont aucune influence sur la vie intérieure du croyant. Le Coran
s’adresse aux croyants et aux autres gens du Livre qui discutaient du changement
de direction de la Qibla dans le verset suivant :
“ La piété ne consiste pas à tourner votre face
vers l’Orient ou vers l’Occident. L’homme bon est celui qui croit en Dieu,
au dernier Jour, aux anges, au Livre et aux prophètes. Celui qui,
pour l’amour de Dieu, donne de son bien à ses proches, aux orphelins,
aux pauvres, aux voyageurs, aux mendiants et pour le rachat des captifs.
Celui qui s’acquitte de la prière, celui qui fait l’aumône.
Ceux qui remplissent leurs engagements ; ceux qui sont patients dans l’adversité,
le malheur et au moment du danger ; voilà ceux qui sont justes !
Voilà ceux qui craignent Dieu ! ” (2 : 177).
Les actes décrits dans le verset ci-dessus sont des actes de
piété et ne constituent qu’une partie des actes du culte.
Il a dit “qu’elle se compose de plus de 60 branches, dont la plus haute
est la croyance en l’unicité de Dieu, c’est-à-dire qu’il
n’est d’autre Dieu qu’Allah ; et la plus basse consiste à retirer
les obstacles et la poussière de devant les pas des hommes”.
Un travail honnête est considéré par l’Islam comme
une forme d’adoration de Dieu. Le Prophète a dit :
“ Dieu pardonnera ses péchés à quiconque se sent
fatigué après une journée de travail”. La quête
du savoir est l’une des plus hautes formes de culte. Le Prophète
a dit à ses compagnons ”qu’une heure de quête du savoir vaut
mieux que prier pendant 70 ans ”.
La courtoisie et l’entraide sont des manières d’adorer lorsqu’elles
sont pratiquées pour l’amour de Dieu, comme nous le dit le Prophète
: “Recevoir son ami avec un sourire constitue une forme de charité
aider quelqu’un à charger son animal est faire charité, et
remplir d’eau le seau de son voisin est faire charité”.
Il faut savoir que même l’accomplissement du devoir de chacun
est considéré comme une forme de charité. Le Prophète
nous a dit que tout ce que chacun dépense pour sa famille est une
sorte de charité pour laquelle il sera récompensé
s’il est resté dans la légalité. La bonté envers
les membres de sa famille est un acte d’adoration, tout comme de mettre
un morceau de nourriture dans la bouche de son conjoint, ainsi que le Prophète
nous l’apprend.
Toutes les actions auxquelles nous prenons plaisir, lorsqu’elles sont
accomplies en accord avec les instructions du Prophète, sont des
actes d’adoration. Le Prophète informa ses compagnons qu’ils seraient
même récompensés d’avoir eu des rapports sexuels avec
leurs épouses. “Comment pourrions-nous être récompensés
pour avoir accompli un acte auquel nous prenons beaucoup de plaisir ?”
Le Prophète leur demanda alors : “Si vous satisfaisiez vos désirs
de façon illégale, ne croyez-vous pas que vous seriez punis
?” Ils acquiescèrent. “Alors, dit-il, vous êtes récompensés
de satisfaire vos désirs légalement avec vos épouses.”
Il s’agit donc d’actes d’adoration.
L’Islam ne considère donc pas que le sexe est une chose malsaine
dont il faut s’abstenir. Il est péché seulement en dehors
de la vie conjugale.
Il est évident, d’après ce qui précède,
que le culte en Islam est un concept étendu, qui englobe toutes
les actions positives de l’individu. Tout cela est bien sûr en accord
avec le fait que l’Islam est un mode de vie. Il réglemente la vie
humaine à tous les niveaux : industriel, social, économique,
politique et spirituel. L’Islam donne des instructions concernant les moindres
détails de la vie de chacun à tous les niveaux. Chacun trouve
très encourageant de réaliser que toutes ses actions sont
considérées par Dieu comme étant des actes d’adoration.
Cela devrait conduire chaque individu à chercher à plaire
à Allah dans toutes ses actions et à toujours tenter de les
accomplir du mieux possible, qu’il soit observé par ses supérieurs
ou qu’il soit seul. Allah est toujours présent est Il est celui
qui sait tout.
Ces propos concernant le culte en Islam en dehors des obligations rituelles,
ne signifie pas que l’on sous-estime l’importance de celles-ci. En réalité,
les obligations rituelles, lorsqu’elles sont accomplies avec sincérité,
contribuent à l’élévation morale et spirituelle de
l’homme et lui permettent d’agir dans tous les domaines en suivant les
commandements de Dieu.
La Salah (prière rituelle) est l’élément essentiel
du culte pour deux raisons. Tout d’abord, elle est la marque distinctive
du croyant, et ensuite, elle préserve l’individu de toutes sortes
de vices et d’abominations, en lui permettant de communier avec son Créateur
cinq fois par jour au cours desquelles il renouvelle son engagement envers
Dieu et Lui demande de lui montrer le chemin.
“ C’est toi que nous adorons, c’est toi dont nous implorons le secours.
Dirige-nous dans le chemin droit. ” (1 : 4-5).
La Salah, en réalité, la première manifestation
pratique de la Foi, ainsi que la toute première condition pour le
succès des croyants :
“ Heureux les croyants qui sont humbles dans leurs prières ”.
(23 : 1-2).
Le Prophète ( p.b.s.l.) a insisté sur ce fait de manière
différente. Il a déclaré :
“Ceux qui font leur Salah soigneusement et avec ponctualité,
trouveront la lumière, une preuve de leur foi, seront sauvés
le jour du Jugement ”.
Après la Salah, la Zakât est une manifestation de foi
affirmant que Dieu est le seul propriétaire de toute chose qui se
trouve dans l’univers, et que ce que les hommes détiennent est en
dépôt entre leurs mains, à charge pour eux de s’en
défaire selon Sa Volonté :
“Croyez en Dieu et en Son Prophète. Donnez en aumône ce
dont Il nous a fait les dispensateurs ”(57 :7).
De ce point de vue, la Zakât est un acte de dévotion qui,
comme la prière, rapproche le croyant de son Seigneur.
La Zakât est, par ailleurs, une manière de redistribuer
la richesse afin de réduire les disparités entre les classes
et les groupes. Elle contribue pour une bonne part à la stabilité
sociale. Elle purge l’âme du riche de tout égoïsme et
celle du pauvre, de toute jalousie et de tout ressentiment envers la société,
elle empêche la haine entre les classes et permet à la fraternité
et à la solidarité de se manifester. Cette stabilité
ne s’appuie pas uniquement sur les sentiments personnels des riches : mais
également sur un droit fermement établi, qui, s’il était
refusé par les riches, serait extorqué de force.
Siyam (le jeûne du lever au coucher du soleil pendant le mois
de Ramadan) est un autre pilier de l’Islam. Sa principale fonction est
de purifier le Musulman de “l’intérieur” car d’autres aspects de
la Sharish lui permettent de se purifier de “l’extérieur”. Cette
pureté lui permet de répondre à ce qui est vrai et
bon et d’écarter l’erreur et le mal. Cela se perçoit dans
le verset coranique suivant :
“ ô vous qui croyez ! Le jeûne vous est prescrit comme
il a été prescrit aux générations qui vous
ont précédés. Peut-être craindrez-vous Dieu
” /2 : 183).
Dans une tradition authentique, le Prophète rapporte que dieu
a dit :
“ Il arrête momentanément de boire, de manger et de satisfaire
ses désirs sexuels, par amour pour moi. ” Sa récompense sera
donc en rapport avec l’immense générosité de Dieu.
Le jeûne éveille donc la conscience de l’individu et lui
donne l’occasion de s’exercer en même temps que toute la société
qui l’entoure, ce qui donne des forces à chaque individu. De plus,
le jeûne force la machine humaine surmenée à se reposer
pendant un mois entier. Il rappelle à l’individu que des êtres
humains sont privés des choses essentielles de la vie pendant toute
l’année ou toute leur vie ; il lui fait comprendre les souffrances
des autres. Ses frères musulmans moins fortunés, développe
en lui de la sympathie et de la bienveillance envers eux.
Nous en arrivons enfin au Hajj ( pèlerinage à la Maison
de Dieu, à la Mecque). Ce pilier capital de l’Islam, est l’occasion
d’une unité parfaite, dissipant toutes les disparités. Des
Musulmans venus du monde entier, portant le même vêtement,
répondant à l’appel du Hajj d’une même voix et dans
une même longue : “Labbaïka Allahomma, Labbaïka” (Me voici
ô mon dieu, me voici). Le Hajj est un exercice de stricte autodiscipline
et de contrôle ou l’on ne révère pas uniquement les
choses sacrées mais où également, l’existence des
plantes et des oiseaux est rendue inviolable afin que chacun vive en sécurité
:
“ Respecter ce que Dieu a déclaré sacré est, pour
vous, un bien auprès de votre Seigneur ” (22 : 30).
“ Quiconque respecte les choses sacrées de Dieu sait que leur
observation procède de la crainte révérentielle de
Dieu contenue dans les cœurs ” (22 : 32).
Le pèlerinage donne l’occasion à tous les Musulmans de
tous les groupes, classes, organismes et gouvernements, venus des quatre
coins du monde musulman, de se réunir chaque année. L’heure
et le lieu de ce rendez-vous est fixé par leur Dieu Unique. Chaque
Musulman est invité à venir. Personne ne peut en empêcher
quiconque. Sécurité et liberté sont garanties pour
tous les participants à condition qu’ils ne les violent pas eux-mêmes.
Les obligations de l’Islam, rituelles ou non, poussent l’individu à
aimer son Créateur plus que tout et à acquérir ainsi
une volonté inflexible qui bannit le mal et l’oppression de la société
humaine, et donne à la parole de Dieu la première place dans
le monde